Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je vous ay fait une depeche de Paris par le seigneur
2Anthoine Veguier de Marseilhe. Soudein quil feut parti, le sieur
3d’Antragues venant de la part de monsieur de Suse, qui
4peult estre vous randra la presente, me randit la votre du
5IIIIe du presant, de Crest, et celle que faisiés au roy
6pour le fayt de Viene où, à ce que men a dit monsieur
7de Sauve, lons ne touchera ayant du tout discouru
8avec leurs magestés et à monsieur le chancellier qui
9ma bien sceu dire que son filz archevesque de
10Vienne luy avoit bien dit quil avoit heu advis que
11ce nestoit grand-chose de la dite entreprise. Je ne
12puis passer oultre sans me douloir avec vous, monsieur,
13de la perte que nous avons fait à la mort de feu
14notre bonne et vertueuse mère, madame de Caseneufve,
15et dire que je ne seray jamais sans regret en ce monde
16de ne luy avoir esté randre le debvoir, ayant esté si
17près delle comme j’ay esté, Dieu nous douint à
18tous la paciance quil cognoit nous estre necessère
19et mesmes à vous, monsieur qui, avec tant de pertes
20estes accablé dune infinité daffaires. Si fault
21il continuer tousiours en votre accostumée vertu et prudance
22ce qui maccroit mon emoi est ung mescontantement que
23par ce que ma escript monsieur de Cabanes n’aperçoy honnt
24messieurs mes frères, hors monsieur d’Apt pour le
25testament quelle ha fayt, bien que je ne sache
26ni m’aie escript quieul il est, sinon quil nest pas
27marri quelle maie advantagé. Jespère que quieul
28quil soit, nous nen vivrons, Dieu aidant, moingues en
29amitié quavons fait jusques ici ; pour le moyns le
30prie je monster plus tost de ce monde que jen
31soye loccasion. Laissant ce taint enuieulx discours,
32je vous diray, monsieur, que mes instructions, les
33caiers que monsieur de Chatellard a dressés sur
34les remonstrances des viles et de messieurs des
35estats du peïs, sonnt estés presantés au conseil
36et remises à monsieur de Limoges pour les regarder
37et en faire raport au conseil, mayant leurs
38magestés assuré que au plus tost lons respondra à tout
39et satisfera le mieulx que lons pourra, ayant
40esgard au temps et necessité des affaires du roy
41[278 v°] desorte que ne soumes hors de bone esperance, ayant à
42mon advis, rien oublié de leur remonstrer les failles
43et charges de ce gouvernement, de mesmes celles
44que les Suisses y honnt aportés et fait la gandermerie,
45leur ayant assés fait paroitre aussi combien les
46dit Suisses vous y honnt estés inutilles ou, pour mieulx
47dire, à leur servisse, nayant soubs votre pouvoir
48pièce ni poudre pour ataquer ung coulombier ! Je me
49suis opiniastré sur cella, ayant monsieur de Chatellard,
50comme il vous a escript, heu quelque vant que le comte [d’]
51Agaiast debvoit avoir mis en avant que, aiant vous
52les ennemis sur les bras, aviés moien les emploier ;
53mais je ne le puis crère car je luy en ay parlé
54ouvertement et fayt confesser que leur desante
55au dit gouvernement a esté mal à propos pour les
56affaires du roy et de son peuple. Je me doubte
57plus tost quil ha opinion que le peïs aie mandé des
58informations, il ma dit une demi douseine de fois
59despuis que suis ici quil me vouloit entretenir. Jai ausy
60parlé à la reyne bien au long de particulier que
61m’aviés chargé, comme feray au roy à la première comodité.
62Elle ma dit que lons vous avoyt fait une depeche pour
63mander deça le rolle de [ajouté : quelques ungs de] ceulx qui honnt fait servisse
64au roy près de vous pour les provoir lors que les
65charges et benefices vaqueront depardella et que de
66mesmes en fonnt aux autres provinces. Il se parle
67de beacop de beaux reglemens desquieuls, par mes
68autres depeches, ou vous voyant, vous pourray randre
69meilheur compte que meintenent. Quand à votre particulier,
70la reyne ma comandé en faire presanter ung mémoire
71pour monsieur de Sauve, ce que feray au premier jour, en ayant
72parlé au roy premierement comme ay fait à elle,
73à laquieulle ne pance avoir rien oubllié à
74remonstrer de vous despances et du peu de moien
75quavés de les soubstenir. Quand au sceu pour
76vous cinq mille l. ts de pecs, monsieur Milhard et
77autres entandus en ces affaires, disent que
78les pouvés prandre et les pecs donner sur le brevet
79sans difficulté et que au pis aller si besoing en
80est, ne faudroit après quavoir une barré : eval] validation du
81dit brevet qui sobtiendra coume lons voudra. Cest
82ladvis mesme de monsieur le general Chatelier.
83[fol. 279] Je noublieray rien en ce que je panceray estre de besoing
84pour lexpedition de votre dit affaire, ni de parler
85au roy coume ay à la royne pour monsieur de Rousset
86et faire mieulx ou ausy bien que pour moi msmes.
87Lons parle dune grand casserie de compagnies d’homes darmes.
88Je pance quavant quaiés cest cy que monsieur de Maugeron
89sera della et y va, à ce quil ma dit pour y servir à
90la paix. Il ma demandé où il vous trouveroit et offert
91à mon arrivée icy beaucop dhonnestetés jusques à la moitié
92de son lict et me le leisser à son partement et ses
93chevaux, sachant que suis en poste. Jay envoié vous letres
94à monsieur de Laval mon nepveu avec la letre de banque
95par monsieur de La Falèse que monsieur d’Hourches cognoit à
96De bien avant en Alemagne, monsieur de La Fin, frère
98de Beuvois La Nocle, a esté mandé icy et bien que ne
99laie veu, une infinité de mes amis mhount assuré luy
100avoir demandé nouvelles de mon dit nepveu, lequieul
101Dieu merci, se pourtoit très bien. Monsieur de St Supplice
102est allé à La Rochelle, Poictou et Guiene pour
103assurer le monde de faire entendre que le roy
104ne scavoit rien de lentreprise que lons dit avoir
105esté decouverte dans La Rochelle. Dieu nous douint
106la paix qui nous est necessère et à vous
107monsieur, en sainté contante vie, me recomandant
108tousiors très humblement à vous bones graces. De St Germein, ce
109XVIII janvier 1574.
110Je suis en peine de ce que monsieur le cardinal de Ferrare n’est icy.
111assuré quil y sera en bref. Monsieur de Montmorancy arriva
113icy le jour mesmes que y arrivay et feut bien aise de scavoir
114de vous nouvelles. Monsieur de Thoré y est aussi.
115Votre pour jamais très humble
116et très obeissant frère
117de Simienne.